Les médias : quelle impartialité des contenus ?

Par Karine Casault*

Les médias et le mensonge. C’est le titre d’une chronique parue dans Le Devoir du 4 avril 2022, signée par le journaliste Alain McKenna. Selon lui, les médias québécois flirtent de plus en plus avec le mensonge et ils seraient à blâmer en bonne partie s’ils voient ces jours-ci leur cote d’amour dégringoler auprès d’un certain public.

Car, à la base, bien sûr, tout est question d’argent. Les grands groupes médiatiques, tout comme les influenceurs, ont le même modèle d’affaires : séduire un public cible pour mieux payer les factures.

Et ce public cible, pourquoi le courtise-t-on? Pour pouvoir présenter les statistiques alléchantes de son lectorat aux publicitaires qui veulent aussi le séduire pour lui vendre une idée, ou plus souvent, un produit ou un service.

Perplexant tout de même, de lire cet article de McKenna, puis, de tomber sur une publicité de l’industrie minière durable, subventionnée par le Gouvernement du Québec et Le Devoir, dans ce même média qui dénonce ce genre de pratique qui se retrouve sur la ligne de l’éthique, c’est le moins qu’on puisse dire.

Comme le rappelle McKenna dans sa chronique, une bonne partie du public porte peu attention à la différence entre les contenus qu’elle voit défiler sur l’un ou l’autre des écrans qu’elle consulte chaque jour. Pour ces gens, tout ça, ce sont « les médias ».

Et donc, est-ce que les discrètes mentions de ‘contenu partenaire’ seront suffisantes pour permettre au lecteur de faire la part des choses entre un réel contenu journalistique fouillé et objectif, d’un contenu commandité ?

À la croisée des chemins de notre avenir énergétique : de l’information de qualité et impartiale requise pour prendre des décisions éclairées

Nous sommes dans une réflexion sociétale importante pour comprendre quels sont nos meilleurs choix énergétiques pour la planète, à court et à moyen long terme, sur ce qui est réellement plus vert, entre les GES produits par le pétrole et les batteries remplies de métaux rares, nécessaires à l’électrification des transports, dont celle des voitures, tellement promue par notre gouvernement provincial.

Ce contenu commandité, destiné à convaincre les lecteurs du Devoir que l’industrie minière est exemplaire en développement durable, peut nous faire craindre que Le Devoir flirte dangereusement avec les mêmes pratiques que McKenna dénonce.

En effet, pour reprendre les propos de McKenna, si l’eau de Javel lave plus blanc que blanc, cet article commandité lave l’industrie minière, plus vert que vert.

Certains passages de ce contenu commandité sont particulièrement préoccupants.

Par exemple, le titre de ce passage qui n’est pas vraiment relié à son contenu.

La certification Écologo est une certification affichée sur des produits destinés au consommateur final, ce qui n’est pas le cas des métaux extraits par l’industrie minière. Aussi, la certification n’incite pas les entreprises à adopter de meilleures pratiques en matière de développement durable, c'est une certification volontaire dont peuvent se doter les entreprises qui le souhaitent. On ne peut, dans tous les cas, qualifier cette certification d'outil de pointe en gestion environnementale.

Plus les médias s’entremêlent, plus le message se brouille, disait le philosophe canadien des médias, Marshall McLuhan. 

Et plus le message se brouille, moins les choix sont clairs, et plus les gens perdent confiance, dirons-nous.

*L’autrice Karine Casault a réalisé son mémoire sur l’impact de la publication de nouvelles de responsabilité sociale sur les investisseurs du secteur minier, et a travaillé avec des entreprises de ce secteur dans les dernières années, notamment pour l’implantation de la norme BNQ 21000, auprès de CBleue et du Comité 21.


Anne-Marie Viens