Sprint ou marathon : personne ne veut courir sans ligne d’arrivée

par Anne-Marie Viens

Réflexions sur les stratégies de communication employées par les gouvernements provincial et fédéral lors du deuxième confinement.

Fin septembre, le gouvernement Legault lançait à tous les Québécois le défi 28 jours sans contact, inspiré du défi 28 jours sans alcool de la Maison Jean Lapointe.

« Faut faire un effort pour les 28 prochains jours. Moi, je suis convaincu qu’on est capable d’y arriver, parce que c’est comme ça qu’on veut vivre au Québec. Courage tout le monde! »

Avec un ton motivateur, aux allures de GO, on aurait dit que le gouvernement Legault souhaitait faire jaillir l’espoir et l’union qui a poussé des milliers de Québécois à accrocher des arcs-en-ciel à leurs fenêtres au printemps.

Mais, on est bien loin du printemps.
On est bien loin des grands-messes quotidiennes auxquelles les Québécois s’accrochaient pour connaître la fin de leur confinement.
Une fin qui semblait sans fin, repoussée de semaine en semaine.

Alors, 7 mois plus tard, pourquoi faire miroiter la récompense d’un retour à la vie normale suivant un 28 jours d’efforts ?
Disons que le doute était légitime.

Et, l’issue de ces 28 jours a donné raison aux sceptiques.
Le 27 octobre, le gouvernement Legault reconduisait son défi sur 4 autres semaines. 

Mais, quels messages cette reconduction envoie t-elle à la population ?

Qu’elle a raté son défi ? 
Que ses efforts étaient insuffisants ?

Comment maintenir la motivation de la population alors que la récompense promise aux fins du défi 28 jours s’est esquivée, que la confiance envers le gouvernement s’effrite et que la probabilité de succès est inconnue du grand public ?

Est-ce en se mettant aux planchers des vaches, comme l’a fait Justin Trudeau le 27 octobre en avouant d’un air funeste « On va passer un hiver plate, désagréable à certains niveaux » ?

Quelle est la véritable solution ?
La solution pour que la population adhère aux messages et adopte les comportements souhaités ?

Car, qu’on utilise l’approche sprint ou marathon, l’équation véhiculée est la même :

effort = espoir

Ne faudrait-il pas défaire cette équation ?
Arrêter de nous dire que c’est un « petit coup à donner » ou bien que ce sera « long et plate ».
Est-ce que le Premier ministre l’aurait compris, en s’adressant de façon personnelle aux Québécois, sur sa page Facebook le 7 novembre dernier ?
En leur demandant de garder espoir, que les partys en famille et entre amis allaient revenir, que le vaccin était proche….

Est-ce ça, notre ligne d’arrivée?

Car, sprint ou marathon, personne ne peut courir sans ligne d’arrivée.


Anne-Marie Viens